Première partie: La raison du plus fort « Lire la suite… »
Deuxième partie: Le caractère central de notre magistrature « Lire la suite… »
Troisième partie: Où est la gauche? « Lire la suite… »
Les dangers d’une majorité parlementaire
A cette période actuelle de l’histoire du Sénégal, nous avons aussi besoin d’un dispositif institutionnel qui renforce le Parlement dans son rôle de contrôle de l’exécutif et d’évaluation des politiques publiques. Il faut définitivement adopter le « check and balance » américain qui est à la forme la plus acceptable de la séparation des pouvoirs. Les élections récentes, ailleurs dans le monde, nous ont édifiés sur la maturité des peuples qui ont refusé de donner une majorité parlementaire à l’exécutif. C’est le cas en Grande Bretagne avec Theresa MAY, en Allemagne avec Angela MERKEL qui, depuis cinq (05) ans est minoritaire au Bundestag. Elle a gagné les élections en Allemagne mais a rencontré des difficultés énormes pour former un Gouvernement. Les élections du parlement italien n’ont donné aucune majorité, tout sera négocié. En France, Emmanuel MACRON a une majorité composite.
Au Sénégal le régime présidentiel concentre entre les mains d’un seul homme des pouvoirs exceptionnels qui en fait un monarque élu. Entre deux élections présidentielles, le parlement s’est révélé impuissant à contrôler les abus et les dérives des autorités de l’exécutif.
Pour échapper à cette menace, il faut dans le cadre d’un benchmarking, adopter l’expérience de pays ayant su gérer leurs ressources minières tels que le Pérou, la Norvège ou encore le Ghana. Le Pérou a su tripler son PIB en dix (10) ans, alors qu’il aurait fallu un taux de croissance annuelle d’au moins 7% pour doubler le PIB en dix (10) années. Dans ce pays, une tradition institutionnelle refuse de donner la majorité parlementaire à l’exécutif qui plafonne à 40%, obligeant ce dernier à constamment rendre compte au législatif qui a le dernier mot y compris pour les contrats miniers. Aujourd’hui, le parti du Président péruvien a vingt (20) députés, et l’opposition soixante-onze (73) sur les 130 sièges.
Pour renforcer l’Assemblée Nationale, il faudra bannir une pratique qui porte sur les procédures d’urgence qui sont devenues la règle et non l’exception. Jamais une législature n’a subi autant de pression de la part de l’exécutif que la 12ème législature pour passer des lois par la procédure d’urgence pour des affaires qui n’avaient rien d’urgent. Ce fut le cas avec la loi sur l’Acte III de la décentralisation qui porte sur la gouvernance territoriale. L’examen de cette loi demandait que l’on prît assez de temps avant de la présenter et de la discuter. Elle a été votée en une semaine à la convenance du gouvernement dont l’objectif n’était point un découpage territorial efficace mais le charcutage électoral en vue des élections imminentes. Si on avait donné assez de temps à l’Assemblée Nationale, on aurait identifié et discuté des problèmes tels que les caisses d’avance et on aurait trouvé des solutions adéquates. Cela aurait permis d’éviter le procès actuel. C’est pourquoi nous dirons avec le Président Emmanuel MACRON, devant le Parlement français réuni en Congrès le 03 Juillet 2017 :
« Il faut du temps pour penser la loi. Du temps pour la concevoir, la discuter, la voter. Du temps aussi pour s’assurer des bonnes conditions de son application. Souhaiter que nos institutions soient plus efficaces, ce n’est donc pas sacrifier au culte de la vitesse, c’est rendre la priorité au résultat. Sachons mettre un terme à la prolifération législative. Elle affaiblit la loi, qui perd dans l’accumulation des textes une part de sa vigueur et, certainement son sens. Telles circonstances, tel imprévu, telle nouveauté ne sauraient dicter le travail du législateur. Car la loi n’est pas faite pour accompagner servilement les petits pas de la vie de notre pays. Elle est faite pour encadrer les tendances profondes, des évolutions importantes, les débats essentiels, et pour donner un cap. Légiférer moins, c’est consacrer plus d’attention aux textes fondamentaux, à ces lois venant répondre à un vide juridique, venant éclairer une situation inédite. C’est cela, le rôle du Parlement. Légiférer moins, c’est mieux allouer le temps parlementaire. C’est en particulier, réserver de ce temps au contrôle et à l’évaluation ».
Le message éternel de Mame Abdou (RTA)
On se souvient que Mame Abdou (RTA), dans ces dernières imprécations, s’adressait vigoureusement à la représentation parlementaire lui demandant de refuser d’être une Assemblée assujettie et asservie à la volonté du Chef de l’exécutif de l’époque, le Président Abdou DIOUF. Il interpelait les députés en leur demandant de refuser de voter des lois uniquement pour plaire à Abdou Aziz NDAO, qui était alors Président de l’Assemblée Nationale. A travers le Gouvernement d’Abdou DIOUF, Mame Abdou (RTA) avait fondu dans la même imprécation l’Exécutif et le Législatif. Il avait alors administré un cours magistral de droit constitutionnel sur la séparation des pouvoirs qui continue, vingt (20) ans après, à retentir dans les villages les plus reculés du Sénégal, dans un langage qui repose sur l’affect et qui a su aller au-delà du cours de droit de l’Université.
Il invitait les députés à craindre Dieu devant le jugement de qui ils se présenteront un jour, et auront à rendre compte de leur comportement à l’Assemblée Nationale. Il les enjoignait d’agir en fonction des intérêts des populations qu’ils représentaient dans l’hémicycle.
Mame Abdou (RTA) dans ses imprécations avait déjà parlé à la 13ème législature qui ne doit pas voter des lois pour faire plaisir au Président Macky SALL ou insTaller un environnement qui rend impossible tout débat sérieux sur les questions multiples et complexes qui interpellent notre pays et pour lequel personne n’a le monopole des solutions.
La 13ème législature regorge de ressources humaines variées de qualités exceptionnelles ayant l’expérience de l’Etat, de l’Assemblée, du pays et des exigences du monde moderne, ayant servi dans plusieurs gouvernements. Cette législature dispose également d’hommes et de femmes venus des terroirs et qui font que cette Assemblée Nationale est vraiment Nationale dans un Sénégal riche de ses cultures, de son histoire plusieurs fois séculaires, de ses confessions, de ses ethnies, de ses régions, de leurs diversités géographiques, enrichies par des alluvions fécondes. Ce pays d’intégration parvient toujours à intégrer et à dépasser ses apports allogènes. Ce n’est qu’à travers un débat sérieux, profondément réfléchi et non dans les majorités mécaniques que la lumière jaillira. Aujourd’hui à l’assemblée, dans les commissions comme en plénière, toute sorte de subterfuges sont utilisés pour restreindre le débat avec une pesante condescendance de la majorité, et une violation flagrante du règlement intérieur.
Et pourtant, ce Macky n’est pas le maître du jeu
Ce qui a frappé tout le monde, au soir du 30 Juillet 2017, Macky SALL, et c’est peu de le dire n’offrait pas du tout l’image d’un vainqueur. Et ses partisans ne pavoisaient pas. Ils savaient comment ils ont gagné. Ce que Macky SALL traîne derrière lui, c’est la désillusion de ses alliés qui sont chacun pris individuellement dans une déliquescence totale. Contrairement à ce que ses médias de service veulent faire passer dans l’opinion, Macky SALL est politiquement le plus affaibli de tous les présidents depuis l’Indépendance. Il n’a ni l’expérience, ni la préparation de ses prédécesseurs, mais il est l’héritier du passif de Wade. Il est vrai qu’il a un puissant trésor de guerre, de quoi acheter le ciel et la terre. Il n’est fort que de la faiblesse de ses adversaires, avec une stratégie politique qui repose essentiellement sur la transhumance, des religieux et des politiques.
Pour 2019, son calendrier n’est pas bon. Pour avoir des chances de gagner la prochaine présidentielle, il faut être fort dans ses bases. Il faut être armé d’un bon bilan et enfin compter sur un soutien populaire sans faille.
Au contraire, les réseaux sociaux sont en ébullition. Les alliés de Bennoo Bokk Yaakaar en rébellion, aujourd’hui la LD debout, après le PS et l’AFP, l’APR en explosion. Le Directeur de soleil dans un surprenant cri de détresse parle d’esseulement du président et la démobilisation inquiétante de l’APR. Un PSE qui bat de l’aile, avec des conceptions fumigènes d’un premier ministre évanescent. De mémoire de sénégalais, jamais Président de la République n’a été, avec ses proches, autant chahutés, humiliés, malmenés, tournés en dérision. Ni Léopold Sédar SENGHOR, ni Abdou DIOUF, ni Abdoulaye WADE, ni Hosni MUBARAK, ni Yaya DIAME, ni Robert MUGABE n’ont connu un tel traitement.
Nous sommes en droit de nous de nous demander comment on en est arrivé là.
Le médiateur Alioune Badara CISSE, membre fondateur de l’APR, ancien Ministre des Affaires étrangères de Macky SALL, compagnon de route dénonce les mêmes turpitudes. Le Sénégal souffre tragiquement d’une absence de leadership. Il n’a ni cap ni capitaine. Les sénégalais sont déboussolés, découragés, déçus par deux Alternances non abouties. Ni le régime, ni la personnalité torve, autoritaire et éruptive de Macky SALL ne sont aimés. Macky suscite peu d’enthousiasme. Son désir obsessionnel d’avoir un deuxième mandat le pousse à tous les excès. Il est prêt à y sacrifier tout. La jeunesse lui tourne le dos. Cette jeunesse enthousiaste, frémissante de rêves, d’élan et d’allant, dont on sait comment elle est prête aux sacrifices et sensible aux menaces de l’avenir. La coagulation dangereuse du mécontentement et du désespoir, représentent la hantise de Macky SALL, depuis que le 23 Juin 2011, a montré qu’un gigantesque brasier pouvait surgir d’une étincelle (Touche pas à ma Constitution). Et on sait que le Sénégal, pays de contestation et de refus mais aussi de rêve (le pétrole et le gaz font rêver), est coutumier de ses embrasements qui ont consumé notre histoire commune, de la colonisation à nos jours.
Il ne faut pas en douter, le Sénégal va au-devant de gigantesques déconvenues.
Le Sénégal aujourd’hui est à ce point sinistré, malade de lui-même, et ravagé par un mal secret. La gouvernance du pays est caractérisée par une absence de vision et de leadership. C’est ce qui explique la cuisante désillusion de l’opinion.
Le peuple sénégalais est fervent dans l’admiration, ce qui explique la profondeur de leur foi à en El hadj Malick Sy et Serigne Touba. Mais une fois son espérance déçue il est impitoyable. Il devient amer, vindicatif. Avec ‘‘Sopi’’ il avait tout misé sur Abdoulaye WADE dont la magie du verbe enjôleur le fascinait et lui promettait une société heureuse et harmonieuse enfin purgée de ses venins et de ses turpitudes.Le peuple croyait avoir élu enfin un Président à la hauteur de la fonction. Brutal a été le réveil : Le Sénégal est tombé sur un Président élu par infraction, du fait de la bêtise de Bennoo Siggil Sénégal dont les leaders se sont faits hara-kiri et nous ont offert le spectacle attristant d’un suicide de baleines. Le nouveau président souffrant d’une sérieuse impréparation.
A l’heure du bilan, la société sénégalaise est menacée de déliquescence à un moment grave de son histoire. Allah dans sa sagesse infinie nous a dotés des moyens de notre développement avec le pétrole, le gaz et des ressources humaines de qualité. Mais le sénégalais est sceptique, déprimé en proie au fatalisme (à quoi bon ? ils sont tous pareils), désabusé et atteint dans les profondeurs de son âme. Ce qui est en cause, ce n’est pas l’intelligence du Président ou son désir de bien faire. C’est l’inadéquation de son comportement avec la fonction. L’Etat est aujourd’hui perverti par un homme qui a politisé à l’extrême l’administration sénégalaise. Il n’a ni mesuré, le sens de la fonction ni compris le champ de ses responsabilités. Il est agité, en revanche, par des démangeaisons présidentielles pour un second mandat et espère le soutien de la France pour compenser son impopularité. Mais le Président Emmanuel MACRON, pourra-t-il se permettre de soutenir un homme à qui le peuple a tourné le dos après avoir annoncé publiquement à OUAGADOU, à ACCRA, à ABIDJAN et à DAKAR la fin de la France-Afrique ? A cet égard la condamnation de Khalifa Sall serait l’erreur de trop qui ferait basculer définitivement la France. Les USA n’avaleront pas la pilule, surtout le congrès.
Ainsi le Sénégal va au-devant de gigantesques déconvenues. Le Président de la République devrait arrêter ces dérives et analyser froidement la situation. Il ne doit pas tomber dans le travers du déni ni suivre les voix des sirènes courtisanes qui l’enfument. Ils ne lui sont d’aucune utilité : ils le mènent droit dans le mur. Et ils lui trouvent des ennemis qui n’en sont pas et dont le seul crime est de refuser d’être associé aux bêlements laudatifs.
Dans notre système démocratique l’opinion publique nourrit un scepticisme prononcé à l’ endroit de nos hommes politiques. Les réseaux sociaux les enfoncent davantage tous les jours. La forme d’organisation autour de partis politiques héritée du 19e siècle est-elle la meilleure pour mener les luttes d’aujourd’hui et construire l’alternative que le peuple appelle de ses vœux ?
Le parti politique représentait le socle de croyance et de comportement qui scellaient un engagement commun. Mais dans un contexte de crise de l’institution partisane, la mobilisation directe des militants et des électeurs à travers l’internet rend moins utiles les partis traditionnels héritiers de l’âge parlementaire du décadent.
Il est donc impérieux de réinventer les formes de notre démocratie, avec les exigences de la révolution numérique en féminisant, rajeunissant et diversifiant les adhérents et les responsables à tous les niveaux des instances pour la conquête non seulement de la présidence mais également des collectivités locales en 2019.
Il faut s’atteler à organiser une alternative, la vraie cette fois-ci, avec un président aux compétences étatiques avérées constant dans ses positions apportant des solutions aux problèmes du pays .Il aura été choisi parce que réunissant notoriété, charisme et crédibilité. Ce sera un homme (ou une femme) équidistant de tous les lobbies qui gangrènent la vie politique de notre pays depuis toujours. Cette alternative offrira aux sénégalais un leadership qui donnera une autonomie de décision et la capacité « d’ordonner le réel » pour parler comme notre compatriote Felwine SARR. Pour nous y aider notre profond ancrage dans les valeurs qui structurent notre imaginaire collectif. Macron révèle : « j’ai passé beaucoup de temps à lire Kant, Aristote et Descartes. Je découvrirai Hegel plus tard.» J’aurai aimé entendre Macky Sall dire la même chose pour EL Hadj Oumar Foutiyou TALL, El Hadj Malick SY, Serigne Touba, Thierno Souleymane BAAL, Baye NIASSE et Limamou LAYE, Cheikh Moussa KA, Serigne Hady TOURE et Cheikh GASSAMA. Yacine Boubou, Aline Sitoe Diatta.
C’est cette reconnaissance et l’appartenance à cette culture qui donnent au Sénégal son atout majeur : celui qui dit qui il est, d’où il vient et quelle valeur il défend.
L’opacité et l’absence de transparence des contrats qu’il signe notamment pour le pétrole et le gaz illustrent la fameuse phrase du Cardinal de Retz : « On ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment ».
En effet, Macky Sall sait qu’il n’a pas intérêt à la transparence parce que c’est à son détriment. Donc il s’installe dans l’opacité, la marque de fabrique de tout ce qu’il fait. C’est cette ambiguïté que traduit l’épisode calamiteuse du « Wax Waxet » qui remet en cause ses promesses électorales. Il est incapable de constance, parce que emporté par ses reniements perpétuels dont les conclusions des assises nationales.
Bes Du Ñakk, vu l’état de déliquescence des forces de transformation sociale, offre des structures d’accueil pour ces sénégalais désorientés, désespérés et déçus ; mais convaincus de l’avènement de lendemains meilleurs et qui cherchent, avec optimisme, une issue à leur désarroi. Bes Du Ñakk redéfinit ce que doit être la culture commune de la Gauche à travers une offre politique nouvelle pour les sénégalais qui ne repose pas sur une communauté d’intérêts égoïstes mais sur une communauté de destin. Offrir un nouveau paradigme pour enfin être à la hauteur de la grande exigence de changement que nous vivons depuis l’époque du ‘‘Sopi’’.
Bes Du Ñakk entend contribuer en bonne place à cette alternative en construction, armé d’une éthique à l’image du grand théologien de Damas du 13ème siècle, Ibn Taymiyya, qui disait : « La valeur d’un pouvoir est déterminé par les qualités morales personnelles des hommes qui assument le pouvoir » et « Si le détenteur du pouvoir est sain alors les affaires des hommes le seront également, mais s’il est corrompu, alors les affaires des hommes le seront tout autant ».
Fait à Paris, 6 mars 2018
Serigne Mansour SY Djamil
Khalif de Serigne Moustapha Sy Djamil
Président de Bess Du Niak
Ancien Vice-Président de l’Assemblée Nationale, Député